Les gouvernements du Kenya et de la Gambie se sont attiré les critiques des groupes de défense de la liberté dâexpression la semaine dernière, après lâadoption de lois sur les médias qui imposent aux journaux âdes droits de publication exorbitantsâ dans un cas, et confèrent au gouvernement, dans lâautre cas, le droit dâimposer un permis […]
Les gouvernements du Kenya et de la Gambie se sont attiré les critiques des groupes de défense de la liberté dâexpression la semaine dernière, après lâadoption de lois sur les médias qui imposent aux journaux âdes droits de publication exorbitantsâ dans un cas, et confèrent au gouvernement, dans lâautre cas, le droit dâimposer un permis aux journalistes et de forcer les reporters à divulguer leurs sources confidentielles.
Au Kenya, le parlement a adopté le 8 mai le projet de loi des statuts (Amendements divers), aux termes de laquelle, indique Human Rights Watch (HRW), les éditeurs de journaux doivent maintenant acquitter des frais de 12 800 $ US à titre de cautionnement contre la diffamation. Le cautionnement coûtait jusque là 128 $. Les contrevenants risquent une amende de 256 $ US et six mois de prison, précise la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
De plus, les éditeurs qui ne se conforment pas à lâobligation, prévue par la loi, de déposer deux exemplaires de chaque publication au greffe du gouvernement sont passibles de cinq ans de prison et dâune amende de première infraction de 12 800 $ US. En cas de récidive, les contrevenants risquent lâinterdiction définitive dâéditer un journal ou un magazine, dit la FIJ.
Tandis que le gouvernement fait valoir que le projet de loi vise à décourager ce quâil appelle une âpresse de torchonsâ, HRW souligne que la législation semble conçue pour étouffer les critiques à lâégard du gouvernement à lâapproche des élections nationales prévues à la fin de lâannée. Les journalistes et les propriétaires des médias affirment être capables dâaméliorer eux-mêmes le niveau des reportages, indique HRW. Ils sont en train de mettre sur pied un conseil de presse et ont commencé à rédiger un code dâéthique.
Par ailleurs, le parlement gambien a voté le 2 mai le projet de loi sur la Commission nationale des médias, ce qui a suscité de vives critiques de la part de Reporters sans frontières (RSF) et du Comité pour la protection des journalistes (CPJ). La nouvelle loi, qui doit recevoir la sanction du président Yahya Jammeh avant dâêtre promulguée, prévoit la création dâune Commission nationale des médias habilitée à incarcérer les journalistes pour outrage, à fermer les entreprises de presse et à imposer de lourdes amendes aux journalistes, dit le CPJ.
Mise sur pied pour évaluer les plaintes contre les journalistes, la commission peut les convoquer pour quâils répondent aux plaintes et les forcer à divulguer leurs sources. Les journalistes doivent aussi sâinscrire chaque année à la Commission, dit le CPJ. Les contrevenants sont passibles dâune amende minimale de 278 $ US. En cas de non-paiement de lâamende, les journalistes risquent neuf mois de suspension.
Selon le CPJ, les journalistes gambiens ont montré quâils sont capables de sâautoréglementer. Durant la période qui a précédé lâélection présidentielle dâoctobre 2001, le Syndicat de la presse de Gambie (Gambia Press Union, GPU) a adopté un code de conduite qui a contribué à une couverture politique parmi les plus équilibrées de lâhistoire du pays, dit le groupe. Le GPU entend contester le projet de loi devant les tribunaux.
Pour plus de renseignements, voir à , www.hrw.org et www.rsf.org.