Alors qu'ils interviewaient des membres de la famille de Turac Zeynalov, mort en détention, des journalistes ont été pris à partie par des officiers du Ministère de la sécurité nationale, qui ont tenté de saisir leurs caméras et microphones.
(RSF/IFEX) – Le 30 août 2011 – « Après avoir éliminé la quasi-totalité des sources d’information, les services de sécurité du Nakhitchevan se livrent en toute impunité à des exactions intolérables, a déclaré Reporters sans frontières. Les quelques journalistes indépendants subsistant sur place se trouvent sous forte pression. La mort en détention d’un citoyen arrêté la veille et la disparition de quatre autres personnes, constituent un test pour les autorités centrales azerbaïdjanaises, un pays signataire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et partie au Conseil de l’Europe et à l’OSCE. Si Bakou veut montrer qu’il est souverain sur cette partie du pays et respectueux de ses engagements internationaux, il doit immédiatement permettre à la presse de travailler et remettre au pas des autorités provinciales qui s’enfoncent dans une dérive autoritaire toujours plus violente ».
Journalistes pris à partie, convocations par les services de sécurité, mur du silence. . . Les autorités du Nakhitchevan tentent de mettre en place un blocus de l’information concernant le décès en détention d’un habitant du village d’Arazin (district de Julfa), Turac Zeynalov.
Alors qu’ils interviewaient les membres de la famille Zeynalov, des journalistes ont été pris à partie par des officiers du MNS (Ministère de la sécurité nationale), qui ont tenté de saisir leurs caméras et microphones. La correspondante de l’agence de presse indépendante Turan, Malahat Nasibova, s’est fait insulter par un agent qui l’a accusé de collaborer avec les « ennemis de la nation ». La journaliste a ensuite été convoquée au MNS, mais elle a refusé de s’y rendre. Reporters sans frontières se déclare inquiète quant à sa sécurité.
Le 24 août 2011, Turac Zeynalov a été convoqué par le MNS. Sans nouvelles de lui, ses proches se sont rendus le lendemain dans les locaux du ministère où ils n’ont trouvé que son corps, portant des traces de tortures d’une grande violence, notamment au visage. Les officiers auraient reconnu l’avoir « giflé une ou deux fois, pour lui apprendre », mais dans son communiqué officiel, le MNS affirme que Turac Zeynalov est décédé « des suites d’un cancer ». La famille n’a pour l’heure reçu aucun document médical attestant des causes de son décès, et toutes ses demandes d’explication se sont heurtées au silence des autorités.
D’après le MNS, Turac Zeynalov se serait rendu coupable d’espionnage au profit de l’Iran, un crime de « haute trahison ». Aucune preuve n’a été produite et les autorités locales se refusent à tout autre commentaire, mettant même en garde contre les « rumeurs ». De son côté, le ministère de l’Intérieur azerbaïdjanais à Bakou a répondu aux journalistes que « Bakou ne pouvait interférer dans les affaires du Nakhitchevan ». D’après l’agence Turan, on serait sans nouvelles de quatre autres jeunes hommes récemment convoqués au MNS.
Le regain de tension entre l’Azerbaïdjan et son voisin iranien n’est que le dernier prétexte en date pour justifier la répression dans la république autonome du Nakhitchevan, où la pression sur les journalistes s’est récemment accrue. Tortures, envoi en hôpital psychiatrique et détention arbitraire sont choses fréquentes dans ce territoire azerbaïdjanais, séparé du reste du pays par l’Arménie.