À travers le monde, les gouvernements se sont fait rappeler la semaine dernière que les organisations internationales suivent de très près leurs politiques et leurs actions dans les domaines de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Lors de conférences tenues à Berlin, Moscou et Édimbourg par le PEN International, l’Association mondiale […]
À travers le monde, les gouvernements se sont fait rappeler la semaine dernière que les organisations internationales suivent de très près leurs politiques et leurs actions dans les domaines de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Lors de conférences tenues à Berlin, Moscou et Édimbourg par le PEN International, l’Association mondiale des journaux (AMJ) et l’Institut international de la presse (IIP), respectivement, des milliers de cadres supérieurs d’organes de presse, de rédacteurs, de reporters et d’écrivains ont inventorié les « points chauds » où de graves violations sont commises et ils ont soumis des résolutions pressant les gouvernements de mettre fin à la censure.
Au Congrès du PEN International à Berlin, plus de 450 écrivains et rédacteurs ont attiré l’attention sur 16 pays où des rédacteurs sont persécutés parce qu’ils exercent leur droit à la libre expression.
Ils ont exigé la remise en liberté des rédacteurs détenus en Chine, à Cuba, en Iran, au Yémen et d’autres pays, et ils ont exprimé leur préoccupation devant la prévalence dans le monde des lois sur la diffamation pénale, auxquelles on a recours pour faire taire la critique.
Les délégués ont aussi attiré l’attention sur la situation en Russie où, dit le PEN International, « toutes les chaînes nationales de télévision appartiennent à des organisations étatiques qui censurent secrètement toutes les émissions » et qui offrent une couverture superficielle des partis et des vues d’opposition.
La Russie a également été le sujet de beaucoup de discussions au Congrès mondial des Journaux, de l’AMJ, à Moscou, où plus de 1 700 cadres supérieurs d’organes de presse ont entendu le président de l’AMJ, Gavin O’Reilly, dénoncer le président Vladimir Poutine et son dossier au chapitre de la liberté de la presse.
En présence de Poutine, d’autres dirigeants russes et d’ambassadeurs étrangers, O’Reilly a déclaré que le contrôle des médias par le gouvernement russe et ses alliés entravait la capacité pour une presse libre de contribuer au développement du pays.
O’Reilly a insisté sur l’absence de télévision nationale indépendante, celle qui existe ayant été placée sous la coupe, directe ou indirecte, du gouvernement, l’achat de nombreux journaux importants par des groupes financiers et industriels contrôlés directement par le gouvernement ou qui lui sont loyaux, et l’instauration d’une « atmosphère de prudence et d’autocensure chez les journalistes. »
Poutine a répliqué que « le nombre des actifs de l’État dans le marché de la presse russe diminue de façon constante ». Il a affirmé qu’il serait impossible pour le gouvernement de contrôler les 53 000 périodiques qui existent à l’heure actuelle dans le pays.
Des critiques de la Russie sont également venues du Comité de coordination des organisations de défense de la liberté de la presse (CCPFO), qui a émis une déclaration pressant le gouvernement russe de « soutenir par des gestes ses affirmations d’appui à la liberté de la presse. »
Au Congrès de l’AMJ, par ailleurs, les délégués ont exprimé leur préoccupation devant la situation de la liberté de la presse au Bélarus, en Chine et en Érythrée. Au Bélarus déferle une vague de répression contre la presse indépendante, en dépit de la remise en liberté de plus de 30 journalistes arrêtés lors des élections de novembre dernier. En Chine, plus de 30 journalistes sont toujours derrière les barreaux, dont Chen Renji et Lin Youping, qui sont détenus depuis 1983.
En Érythrée, où 15 journalistes sont détenus, les autorités ont refusé de fournir des renseignements sur la santé, les allées et venues ou le statut juridique des détenus. La plupart d’entre eux ne sont formellement inculpés de rien, en dépit d’un séjour de cinq ans en prison, dit l’AMJ.
Le Congrès de l’AMJ comportait une cérémonie de remise de récompenses, au cours de laquelle le journaliste iranien Akbar Ganji a reçu la Plume d’Or de la Liberté pour la défense de la liberté de la presse. Dans son discours de réception, Ganji a dédié la récompense à « tous les dissidents et combattants iraniens pour la paix ».
Pendant ce temps, à l’Assemblée générale de l’Institut international de la presse (IIP), à Édimbourg, les délégués ont braqué les projecteurs sur la situation en Chine, en Éthiopie, au Népal, en Russie, au Venezuela et au Zimbabwe.
Dans le cas de la Chine, l’IIP a critiqué les sociétés commerciales occidentales qui coopèrent avec les autorités chinoises pour réprimer la libre expression.
« Le gouvernement chinois travaille étroitement avec les compagnies occidentales, désireuses de pénétrer sur le lucratif marché chinois de la technologie, à la mise au point d’un logiciel qui empêche les citoyens chinois d’accéder aux renseignements sur les droits de la personne et la démocratie. Ces compagnies ne doivent ni coopérer avec la censure ni fournir de renseignements sur les utilisateurs qui peuvent être utilisés pour poursuivre les journalistes », dit l’organisation.
Pour l’IIP, la tendance la plus alarmante en Afrique est le traitement des journalistes en Éthiopie, où de nombreuses personnes sont emprisonnées en raison d’accusations de trahison et sont passibles, en cas de culpabilité, de la peine de mort ou de la prison à vie.
Consulter les sites suivants :
– PEN International : http://www.internationalpen.org.uk/index.php?pid=33&aid=466
– AMJ : http://www.moscow2006.com/fra/
– Discours de Gavin O’Reilly : http://www.wan-press.org/article11205.html
– Déclaration du Comité de coordination : http://www.moscow2006.com/eng/news/congress/1383/
– IIP : http://www.freemedia.at/