Six défenseurs tunisiens des droits de la personne se sont rendus à Washington le 13 novembre pour mettre en lumière les violations commises en Tunisie sous la coupe du président Zine El-Abidine Ben Ali, qui marque ce mois-ci le 20e anniversaire de son accession au pouvoir. Le dissident Mohamed Abbou, libéré récemment, n’était pas du […]
Six défenseurs tunisiens des droits de la personne se sont rendus à Washington le 13 novembre pour mettre en lumière les violations commises en Tunisie sous la coupe du président Zine El-Abidine Ben Ali, qui marque ce mois-ci le 20e anniversaire de son accession au pouvoir. Le dissident Mohamed Abbou, libéré récemment, n’était pas du groupe. Bien qu’il ait été invité à la conférence, il n’a pas été autorisé à se déplacer, non plus que le juge Ahmed Rahmouni.
Bien que les organisateurs aient posé la participation d’Abbou et de Rahmouni comme condition pour que le gouvernement tunisien envoie un représentant, les six militants ont accepté de permettre au délégué du gouvernement de prendre la parole à la conférence. Des 60 personnes qui ont participé à cette conférence, environ le quart venait de l’ambassade de Tunisie ou était des partisans du gouvernement.
Les militants se sont joints à des spécialistes de la Tunisie et à des représentants d’organisations internationales de défense des droits, notamment les co-organisateurs de l’événement, soient le Groupe de surveillance de la Tunisie organisé par l’IFEX (TMG), Human Rights Watch, Human Rights First, Amnesty International USA et la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), pour cet événement d’une durée d’un jour, sous le thème suivant : « La Tunisie : Modèle de stabilité au Moyen-Orient ou incubateur d’extrémisme ? »
Rohan Jayasekera, de Index on Censorship, représentant le TMG, a déclaré que la conférence était organisée afin de donner aux défenseurs des droits en Tunisie la chance de parler en toute liberté, parce qu’« il n’est pas possible d’avoir une conversation ouverte en Tunisie ». Soulignant que la Tunisie pourrait être un modèle pour la région, Jayasekera a demandé « pourquoi la Tunisie ne parvient-elle pas à honorer ses obligations internationales ? »
Lors d’une séance où on examinait les répercussions de la « guerre à la terreur » sur la liberté d’expression, Naziha Rejiba, de l’Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création (OLPEC), a parlé avec passion de l’élimination des médias libres, y compris de son magazine « Kalima », qui ne peut paraître qu’en ligne. « Je suis trop vieille pour attendre la liberté ? c’est maintenant ou jamais », a-t-elle dit à Emna Ben Arab, la déléguée du gouvernement tunisien. Elle a également réfuté les commentaires de Ben Arab, selon qui la Tunisie présente un dossier impressionnant au chapitre des droits des femmes, en faisant remarquer que, en tant que militante, elle avait été soumise à des tactiques d’intimidation comme de recevoir des bandes vidéo pornographiques retouchées et être diffamée dans les médias.
Omar Mestiri, du Conseil National des Libertés en Tunisie (CNLT) a présenté un nouveau film sur la torture dans les prisons de Tunisie, tourné clandestinement.
Les membres du TMG ont également présenté aux Nations Unies des documents, notamment la Revue périodique universelle, qui examinent le dossier de la Tunisie en matière de droits de la personne et ceux d’autres pays qui ont siégé au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
Les membres du TMG s’apprêtent à écrire au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, qui a rencontré Ben Ali en Tunisie dans le cadre des cérémonies officielles du 20e anniversaire. D’après l’agence de nouvelles officielles de Tunisie TAP, Ban a déclaré « J’ai eu une excellente rencontre avec le président Zine El Abidine Ben Ali et j’ai rendu hommage à son leadership, grâce à qui le peuple tunisien jouit de la stabilité politique, de conditions économiques et sociales et d’une croissance continue au cours des vingt dernières années, avec un taux moyen de croissance de 5 pour 100. » Ban aurait aussi déclaré espérer que la Tunisie « servira de modèle pour toute la région ». Ben Ali a refusé jusqu’à maintenant de permettre aux Rapporteurs spéciaux des Nations Unies, y compris au Rapporteur sur la liberté d’expression, d’entrer au pays.
Consulter les sites suivants :
– Conférence vidéo le site web de Georgetown Law : http://tinyurl.com/37lo68
– TMG : http://campaigns.ifex.org/tmg/fr_index.html
– Rapport du TAP sur le Secrétaire général des Nations Unies Ban :
http://tinyurl.com/3ch7xu
– Couverture de la conférence par Al-Jazirah : http://tinyurl.com/2m6l2g
(20 novembre 2007)