(RSF/IFEX) – RSF dénonce les interpellations de trois journalistes étrangers et une camerawoman chinoise dans les provinces du Hebei (Nord-Est) et du Hubei (Centre) le 20 novembre 2007. « Il est inadmissible que de telles pratiques aient encore cours en Chine, malgré la mise en place de nouvelles régulations en janvier 2007, en vue des Jeux […]
(RSF/IFEX) – RSF dénonce les interpellations de trois journalistes étrangers et une camerawoman chinoise dans les provinces du Hebei (Nord-Est) et du Hubei (Centre) le 20 novembre 2007.
« Il est inadmissible que de telles pratiques aient encore cours en Chine, malgré la mise en place de nouvelles régulations en janvier 2007, en vue des Jeux olympiques », a déclaré l’organisation.
Le 20 novembre 2007, Barbara Lüthi, correspondante à Pékin de la chaîne suisse Schweizer Fernsehen, et sa camerawoman de nationalité chinoise ont été retenues pendant sept heures par les autorités du village de Shengyou, dans la province du Hebei. Des policiers en civil se présentant comme des villageois les ont malmenés. Leurs enregistrements ont été effacés par des officiels alors que les journalistes procédaient à des interviews dans un village où une révolte avait causé la mort de six personnes en 2005.
« J’avais déjà été interrogée par la police auparavant, mais c’était tout à fait différent. C’est la première fois que je suis physiquement brutalisée », a déclaré Barbara Lüthi au Foreign Correspondents Club of China. Bousculée, la journaliste est tombée au sol. Toutes deux ont finalement été libérées après l’intervention du bureau local des Affaires étrangères.
Le même jour, Mathias Braschler et Monika Fischer, un couple de photographes suisses, ont été interpellés pendant trois heures à Wuchang, au sud de la ville de Wuhan, dans la province du Hubei. Ils réalisaient un reportage sur des habitants menacés et brutalisés en raison d’un conflit foncier. Les deux photographes étaient en train de parler aux habitants, sans matériel, lorsqu’un policier les a forcés à se rendre au commissariat.
« Au bout de deux heures, nous avons demandé à partir. Alors, le chef de la police nous a très sérieusement menacés de nous retenir douze heures. Ils voulaient vérifier nos identités. Une personne du bureau des Affaires étrangères est venue dire que tout était en ordre et voulait nous inviter à déjeuner pour « clarifier » certains points. Comme nous avons refusé, ils ont commencé à vérifier nos bandes vidéo, notre matériel, nos notes… Je leur ai demandé de nous relâcher sous peine d’appeler notre ambassade. Alors, ils nous ont relâchés », a expliqué Mathias Braschler au Foreign Correspondents Club of China.
Par ailleurs, les médias officiels chinois ont attaqué la presse étrangère et Reporters sans frontières.
Le 19 novembre, l’agence de presse d’Etat Xinhua a diffusé sur son site un article publié par un journal gouvernemental « Huanqiu Shibao » (Global Times), lié au « Remin Ribao » (People’s Daily) qui dénonce « l’acharnement d’organisations qui relayent des préjugés » contre la Chine. Le pays serait victime de rumeurs infondées venant d’organisations telles que Reporters sans frontières. L’article cite notamment des articles publiés récemment sur le fichage des journalistes étrangers par les autorités avant les Jeux olympiques.
L’article réfute une à une toutes les récentes informations des différents journaux et organisations concernant les Jeux olympiques. Il nie plus particulièrement le fichage des journalistes étrangers et accuse de nombreux médias étrangers (« Washington Post », « International Herald Tribune », « Die Welt », Associated Press, Voice of America, etc.) de « répandre des rumeurs » pour déstabiliser le régime.
Selon un « expert des relations sino-allemandes », Beixike, interviewé par le Huanqiu Shibao, ces « inventions » feraient partie d’un plan visant à boycotter les Jeux olympiques.
« À l’étranger, les journalistes chinois, mais également les étudiants chinois, sont sévèrement contrôlés notamment pour l’obtention d’un visa ou bien les entretiens d’embauche. Certains sont même accusés d’espionnage par les services secrets étrangers avec des « preuves » qui pourraient très bien être fabriquées. En réalité, ce sont les gouvernements étrangers qui établissent d’énormes bases de données. Ces journaux publient des articles à partir de sources peu fiables. Est-ce là la liberté de la presse dont ils font l’éloge? », conclut le journal gouvernemental.