(JED/IFEX) – Journaliste en Danger (JED), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, basée à Kinshasa, et Réseau d’Alerte de l’Organisation des Médias d’Afrique Centrale (OMAC), dont fait partie le Tchad, a appris avec une profonde colère et indignation, la décision du gouvernement tchadien de retirer « définitivement » son accréditation de […]
(JED/IFEX) – Journaliste en Danger (JED), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, basée à Kinshasa, et Réseau d’Alerte de l’Organisation des Médias d’Afrique Centrale (OMAC), dont fait partie le Tchad, a appris avec une profonde colère et indignation, la décision du gouvernement tchadien de retirer « définitivement » son accréditation de journaliste à Sonia Rolley, correspondante de l’Agence France Presse (AFP) et de Radio France Internationale (RFI) au Tchad.
Du coup, la journaliste française qui n’avait plus l’autorisation de travailler au Tchad, a dû quitter le pays, jeudi 20 mars 2008 au matin, laissant derrière elle un pays qui ressemble désormais à un véritable trou noir sur le plan de l’information, après que tous les médias indépendants ont cessé d’exister, et que quasiment tous les journalistes tchadiens de la presse privée ont été, soit poussés à l’exil, soit contraints d’abandonner leur métier en raison de la censure, des menaces et des violences dont ils ont été l’objet depuis l’attaque rebelle du début février.
Pour JED, le retrait de l’accréditation d’un journaliste dans un pays étranger où elle travaillait de manière professionnelle depuis près de deux ans, correspond à son expulsion de pays, et de ce fait constitue une grave entrave à la libre circulation nationale et internationale de l’information.
Au moment où le Tchad fait face à des convulsions politiques consécutives à la mauvaise gouvernance et au déficit démocratique, le président Idriss Deby Itno voudrait sans doute se mettre à l’abri des témoins gênants, surtout quand ils sont journalistes.
JED demande, par conséquent, à toute la communauté internationale de condamner sans réserve ce énième coup de force contre la démocratie et la liberté d’expression. JED est surtout scandalisée par l’hypocrisie de la France officielle qui condamne du bout des lèvres la dérive totalitaire du maître de N’Djamena tout en continuant, en dépit de tout, à servir de béquilles au régime agonisant et prédateur des libertés de M. Deby.
Déjà, lors du dernier Sommet des chefs d’État de la CEEAC (Communauté Économique des États d’Afrique Centrale) tenu le 10 mars 2008 à Kinshasa sur la crise tchadienne, JED avait dénoncé le faux semblant de ces chefs d’États africains qui enferment la démocratie dans leurs pays. JED avait alors attiré l’attention de l’opinion sur la situation particulièrement dramatique des médias et des journalistes au Tchad.