La police chinoise a détenu brièvement hier une douzaine de journalistes environ après que ceux-ci eurent assuré la couverture d’une conférence de presse de Reporters sans frontières (RSF) où on a exigé une plus grande liberté pour la presse en Chine, à la veille de la tenue des Jeux Olympiques, l’an prochain. Quatre membres de […]
La police chinoise a détenu brièvement hier une douzaine de journalistes environ après que ceux-ci eurent assuré la couverture d’une conférence de presse de Reporters sans frontières (RSF) où on a exigé une plus grande liberté pour la presse en Chine, à la veille de la tenue des Jeux Olympiques, l’an prochain.
Quatre membres de RSF se sont envolés d’Europe pour tenir la toute première conférence de presse jamais organisée par le groupe en Chine, devant le quartier général du Comité organisateur des Jeux de Beijing.
D’après certaines dépêches, des policiers en uniforme en civil sont passés à l’action après la conférence et ont refusé de laisser partir les journalistes. Certains caméramans se sont fait dire de remettre leurs bandes, mais ont refusé. Le groupe a été relâché environ deux heures plus tard.
En 2001, lorsqu’elle a remporté le mandat d’organiser les Jeux Olympiques de 2008, la Chine avait déclaré que les reporters auraient « liberté complète de couvrir la nouvelle ». Mais RSF et d’autres membres de l’IFEX, comme le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Human Rights Watch, affirment que ce n’est pas ce qui se passe.
« Le slogan officiel, » Un monde, un rêve « , sonne de plus en plus creux », dit RSF. « Beijing ne tient pas ses promesses d’améliorer la situation des droits de la personne et continue avec cynisme à parler de l’esprit olympique. »
Arborant des t-shirts où les anneaux olympiques étaient remplacés par des menottes, les représentants de RSF ont demandé la remise en liberté de 100 journalistes, cyberdissidents et militants de la liberté de parole actuellement dans les prisons chinoises, la fin de la censure de l’Internet – 12 sites web au moins ont été fermés ou bloqués rien qu’en juillet – et la possibilité pour les correspondants étrangers de se déplacer librement en Chine. RSF a également demandé au président du Comité International Olympique Jacques Rogge, qui jusqu’à maintenant n’a pas dit un mot sur les droits de la personne en Chine, de forcer le pays hôte des Jeux Olympiques à tenir sa promesse.
Un an avant l’ouverture des Jeux, les membres de l’IFEX profitent de l’occasion pour attirer l’attention sur le piètre dossier de la Chine dans le domaine des droits de la personne.
Depuis le 1er janvier, le gouvernement chinois accorde plus de liberté aux journalistes étrangers, mais pas aux reporters nationaux, qui continuent de se heurter à de graves restrictions tandis qu’approche la date d’ouverture des Jeux, et leur permet de couvrir les « affaires politiques, économiques, sociales et culturelles » de la Chine et de se déplacer sur de grandes distances sans la permission du gouvernement. Les règlements vont cesser de s’appliquer en octobre 2008, une fois les Jeux terminés.
Plusieurs reporters étrangers, cependant, se sont fait dire qu’il y a toujours certaines régions où ils ne peuvent se rendre et certains sujets qu’ils ne peuvent aborder, comme le Tibet ou les villages de la province du Henan et ceux situés le long de la frontière de la Chine avec la Corée du Nord, où vivent des personnes atteintes du VIH-SIDA, dit Human Rights Watch, qui documente les affaires de journalistes harcelés et détenus.
« Le harcèlement constant et la détention des journalistes font apparaître la promesse sur les libertés des médias que Beijing a faite pour obtenir les Jeux de plus en plus comme une manoeuvre de relations publiques plutôt que comme une initiative politique sincère », dit Human Rights Watch.
CPJ prévoyait tenir sa conférence de presse à Beijing le 7 août pour rendre public son rapport de 80 pages, « Falling Short » (Faillite), qui critique également la faiblesse du progrès réalisé par la Chine vers une politique « sans restrictions » en matière de couverture médiatique. D’après le CPJ, la Chine emprisonne déjà plus de journalistes que tout autre pays du monde : elle compte au moins 29 cas connus de journalistes actuellement emprisonnés à cause de leur travail. Le rapport exhaustif comprend la biographie de chacun des journalistes incarcérés, ainsi que des conseils aux reporters sur le terrain et des traductions en anglais des lois chinoises sur les médias.
Lire les dossiers :
– RSF, « Beijing 2008 : Dossier sur la presse » : http://tinyurl.com/33rqzp
– CPJ, « Falling Short: As the 2008 Olympics Approach, China Falters on Press Freedom » (Faillite : À l’approche des Olympiques de 2008, la Chine vacille sur la liberté de la presse) : http://www.cpj.org/Briefings/2007/Falling_Short/China/
– Human Rights Watch, « ‘You Will Be Harassed and Detained’: Media Freedoms under Assault in China Ahead of the 2008 Beijing Olympic Games » (Vous serez harcelés et détenus : Libertés des médias attaquées en Chine à la veille des Olympiques de Beijing de 2008) : http://tinyurl.com/355zta
– Amnistie Internationale, « The Olympics Countdown: One Year Left to Fulfil Human Rights Promises » (Compte à rebours olympique : Un an pour remplir les promesses en matière de droits de la personne) : http://tinyurl.com/378sox
Consulter les sites suivants :
– The Toronto Star, « China detains reporters » (La Chine détient des reporters) : http://www.thestar.com/News/article/243748
– « Service Guide for Foreign Media » (Guide de service pour les médias étrangers), publié sur le site web du Comité organisateur des Jeux Olympiques de Beijing : http://tinyurl.com/3bmp45
– AGISSEZ ! Affichez une bannière de RSF ou de Human Rights Watch en faveur des droits de la personne en Chine : http://ifex.org/en/content/view/full/84557/
(Photo : Les représentants de RSF s’apprêtent à donner une conférence de presse à Beijing, devant le quartier général du Comité organisateur des Jeux Olympiques de Beijing. Photo courtoisie de RSF)
(7 août 2007)