Les autorités de la République démocratique du Congo doivent mener une enquête transparente et en profondeur sur le meurtre d’un journaliste d’une station de radio soutenue par les Nations Unies à Bukavu, dans l’est de la RDC, le deuxième journaliste de la station assassiné en 17 mois, indiquent Journaliste en Danger (JED) et d’autres groupes […]
Les autorités de la République démocratique du Congo doivent mener une enquête transparente et en profondeur sur le meurtre d’un journaliste d’une station de radio soutenue par les Nations Unies à Bukavu, dans l’est de la RDC, le deuxième journaliste de la station assassiné en 17 mois, indiquent Journaliste en Danger (JED) et d’autres groupes membres de l’IFEX.
Didace Namujimbo, reporter à Radio Okapi, se trouvait à quelques mètres de chez lui le 21 novembre lorsqu’il a été atteint d’un seul projectile à la tête.
Le cadavre de Namujimbo a été retrouvé le lendemain matin. Son téléphone portable avait disparu mais son argent ainsi que d’autres articles personnels étaient toujours là, ce qui laissait entendre que le mobile n’était pas le vol, a déclaré au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) son frère Déo Namujimbo, journaliste et vice-président local du Syndicat national de la presse congolaise.
Dirigée conjointement par la fondation suisse Hirondelle et par la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), Radio Okapi a été mise sur pied pour appuyer le processus de paix à la suite de la guerre de 1998 à 2003 au Congo. Grâce à son indépendance et à la haute qualité de sa programmation, elle joue un rôle central dans le combat contre la violence et les pratiques arbitraires, en particulier dans l’est du pays.
Namujimbo est le deuxième journaliste de Radio Okapi à être assassiné à Bukavu en un peu plus d’un an, après le meurtre du chef des nouvelles de la station, Serge Maheshe, tué en juin 2007 dans les circonstances similaires. En mai, un tribunal militaire de Bukavu a condamné trois civils à la peine de mort pour ce meurtre, mais JED se dit « insatisfait du résultat du procès, étant donné que celui-ci n’a pas établi ce qui s’est passé réellement en cette nuit meurtrière du 13 juin… Le verdict est le résultat d’un procès bâclé à partir d’une enquête superficielle. »
D’après Reporters sans frontières (RSF), Namujimbo, qui était reporter à Radio Okapi depuis février 2006, avait fait beaucoup de reportages sur le procès pour le meurtre de Maheshe.
JED et d’autres disent que le procès de Maheshe a ouvert la voie au meurtre de Namujimbo. « Le cycle de la violence qui continue de cibler les journalistes est alimenté par une culture d’impunité, qui garantit l’amnistie aux véritables tueurs et aux commanditaires par l’entremise de procès bidons », dit JED.
JED appelle à la création d’un comité d’enquête conjoint sur le meurtre de Namujimbo, composé des autorités judiciaires congolaises et de la MONUC.
Par ailleurs, Human Rights Watch vient juste de publier un rapport qui documente la violence et l’intimidation que pratique le gouvernement pour éliminer des adversaires politiques.
« Pendant que chacun se concentre sur la violence dans l’est du Congo, les violations commises par le gouvernement contre les adversaires politiques attirent peu l’attention », dit Human Rights Watch. « Les efforts pour bâtir un Congo démocratique sont étouffés non pas uniquement par la rébellion, mais aussi par la répression du gouvernement Kabila. »
Lire le dossier de 96 pages, « ‘We Will Crush You’: The Restriction of Political Space in the Democratic Republic of Congo » (« ‘On va vous écraser’ : La restriction de l’espace politique en République démocratique du Congo »), ici : http://tinyurl.com/64c6kn
Consulter également les sites suivants :
– JED : http://ifex.org/en/content/view/full/98782/
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29387
– CPJ : http://tinyurl.com/5rwvtb
– Fédération internationale des journalistes : http://tinyurl.com/5c5ze5
(26 novembre 2008)