Le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (HRInfo), membre de l’IFEX, est de nouveau en butte au harcèlement judiciaire parce qu’il défend le droit à la libre expression en Égypte et ses infatigables promoteurs. Sheikh Youssef El Badry accuse HRinfo de défendre un poète de renom et un blogueur partisan de la […]
Le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (HRInfo), membre de l’IFEX, est de nouveau en butte au harcèlement judiciaire parce qu’il défend le droit à la libre expression en Égypte et ses infatigables promoteurs.
Sheikh Youssef El Badry accuse HRinfo de défendre un poète de renom et un blogueur partisan de la laïcité, et donc d’« insulter l’islam et le président Moubarak », ainsi que le sheikh lui-même. Il réclame un million de livres égyptiennes (177 500 $ US) en réparations.
HRinfo appuie ouvertement le refus signifié en août par le poète Abdel Moati Hegazy de payer une amende de 3 500 $ US après avoir été reconnu coupable d’avoir insulté El Badry en le présentant comme « quelqu’un qui s’opposes à la liberté de pensée et d’expression ». Le groupe fait campagne pour faire libérer Kamir Amer, un jeune blogueur condamné au début de l’année à quatre ans de prison pour avoir critiqué l’islam et le président de l’Égypte.
Le directeur général de HRinfo, Gamal Eid, s’est juré de continuer à soutenir Hegazy, Amer et la presse indépendante en Égypte. « Nous ne plierons pas devant ces campagnes de chasse aux sorcières », a-t-il déclaré.
Selon HRinfo, les poursuites entamées contre ces personnes s’inscrivent dans une « série de manoeuvres répressives destinées à persécuter les défenseurs de la liberté d’expression en Égypte », et qui comprennent également la peine d’un an de prison imposée la semaine dernière à quatre rédacteurs pour avoir critiqué de hauts responsables du pays.
Les sentences imposées reflètent aussi la nécessité urgente d’une révision de la loi, fort controversée, du pays sur la presse disent HRinfo, l’Organisation égyptienne de défense des droits de la personne (EOHR), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Reporters sans frontière (RSF) et Amnistie Internationale.
Les rédacteurs Ibrahim Issa, de « Al-Dustur », Wael al-Abrashi, de l’hebdomadaire « Sawt al-Umma », Adel Hammouda, de l’hebdomadaire « Al-Fajr », et Abdel Halim Qandil, ancien rédacteur de l’hebdomadaire « Al-Maramaeach », ont été trouvés coupables de « publication de fausse information susceptible de troubler l’ordre public » à cause de leurs articles qui critiquaient le président Hosni Moubarak, son fils (le secrétaire-général adjoint du parti, pressenti comme héritier apparent du président) et d’autres responsables de haut rang.
Chacun des rédacteurs a été condamné le 13 septembre à un an de prison et à verser une amende de 20 000 livres égyptiennes (3 500 $ US), en plus de payer 10 000 livres (1278 euros) pour obtenir d’être en liberté sous condition pendant l’audition des appels. Leur culpabilité résulte de poursuites judiciaires intentées l’an dernier par le Parti national démocratique (PND), au pouvoir.
« Ce verdict semble signaler que le gouvernement égyptien s’engage dans une dangereuse répression de la liberté de la presse », dit la FIJ. « En plus de la motivation politique évidente dans cette affaire, les sentences elles-mêmes sont punitives et ne conviennent pas aux délits des médias. »
Le Syndicat des journalistes égyptiens (Egyptian Journalists’ Syndicate (EJS), groupe égyptien affilié à la FIJ, décrit les sentences comme une « déclaration de guerre à la liberté de la presse » et exige que le gouvernement abolisse les lois sur la presse qui « visent à effrayer et à intimider les journalistes ».
D’après RSF, une loi controversée sur la presse adoptée l’an dernier définit pas moins de 35 délits de presse passibles de la prison. Les journaux indépendants et d’opposition ont suspendu leur parution pendant une journée afin de protester contre la nouvelle loi, tandis que des centaines de travailleurs des médias manifestaient à l’extérieur de l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, Issa comparaîtra devant un tribunal de la sécurité d’État le 1er octobre dans une autre affaire, soit pour avoir publié des rumeurs sur la santé du président Moubarak, qui se serait détériorée.
Consulter les sites suivants :
– HRinfo : http://www.hrinfo.net/en/reports/2007/pr0916.shtml
– EOHR : http://eohr.org/press/2007/pr0918.shtml
– CPJ : http://tinyurl.com/3cossv
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=5303&Language=EN
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=23666
– Amnistie : http://tinyurl.com/364y97
(18 septembre 2007)