Cent journalistes ont été tués l’an dernier, ce qui fait de 2006 « l’année la plus sauvage et la plus brutale de l’histoire moderne des médias », rapporte l’Institut international de la presse dans sa Revue de la liberté de la presse dans le monde en 2006. Avec des rapports sur plus de 180 pays, […]
Cent journalistes ont été tués l’an dernier, ce qui fait de 2006 « l’année la plus sauvage et la plus brutale de l’histoire moderne des médias », rapporte l’Institut international de la presse dans sa Revue de la liberté de la presse dans le monde en 2006.
Avec des rapports sur plus de 180 pays, la revue met en lumière les grands développements dans les médias ainsi que diverses menaces qui guettent les médias, notamment les agressions ciblées contre les journalistes. Curieusement, l’IIP rapporte que l’Irak compte près de la moitié (46) de tous les journalistes qui ont perdu la vie l’an dernier.
L’Asie arrive derrière le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord comme région dangereuse en 2006. Vingt-neuf journalistes y ont été assassinés en raison de leur travail. Seize des trente pays d’Asie analysés sont dirigés par des gouvernements non élus ou illégitimes, ce qui contribue à l’absence de démocratie dans les médias. Les journalistes et les organisations de médias y ont été attaqués en toute impunité, et la censure, en particulier sur Internet, était répandue.
En Amérique latine, des dirigeants portés à gauche ont consolidé leur pouvoir dans la douzaine d’élections présidentielles qui ont eu lieu dans la région l’an dernier. Mais le virage à gauche, en réaction à la faillite des gouvernements précédents qui ne sont pas parvenus à combattre efficacement la pauvreté, la corruption et la criminalité, n’a pas entraîné avec lui une plus grande liberté de la presse, rapporte l’IIP. Pour la deuxième année de suite, le Mexique a été le pays le plus dangereux des Amériques pour les journalistes – sept d’entre eux ont été assassinés l’an dernier. Les journalistes de l’ensemble de la région ont dû faire face à une volée de poursuites, notamment en diffamation pénale et aux termes de lois «desacato » (sur les insultes), et à des réparations punitives excessives attribuées dans des poursuites civiles.
L’IIP fait également remarquer que 2006 a aussi été entachée par la controverse entourant la publication au Danemark de caricatures illustrant le prophète Mahomet, qui a entraîné l’arrestation et la poursuite de nombreux journalistes à travers le monde – un journaliste a même été assassiné au Soudan parce qu’il aurait écrit sur le sujet. La « guerre des caricatures » a mené à des tentatives renouvelées pour faire adopter une disposition sur la « diffamation des religions », qui est apparue dans divers documents des Nations Unies.
Les journalistes de l’Afrique sub-saharienne ont eux aussi souffert des difficultés extrêmes – les gouvernements semblaient souvent oublieux de leur propre rôle dans les entraves mises aux tentatives des médias pour rapporter la nouvelle. Un grand nombre d’agressions contre les journalistes ont été le fait des autorités, souvent incitées à l’action par les propos incendiaires des politiciens à l’égard des médias.
Le rapport, dédié aux 100 journalistes qui ont perdu la vie en 2006, comprend en outre une courte biographie des journalistes tués et une « liste de surveillance » des pays dont les gouvernements deviennent de plus en plus hostiles aux médias.
Accès à la Revue de la liberté de la presse dans le monde en 2006 à :
http://www.freemedia.at
(24 avril 2007)