La Journée des Droits de l’Homme, qui marque la ratification de la Déclaration universelle des droits de l’homme, est célébrée partout dans le monde le 10 décembre de chaque année. Elle l’est peut-être même un peu plus en cette année qui marque une étape importante, à savoir le 60e anniversaire de la Déclaration. Et pourtant […]
La Journée des Droits de l’Homme, qui marque la ratification de la Déclaration universelle des droits de l’homme, est célébrée partout dans le monde le 10 décembre de chaque année. Elle l’est peut-être même un peu plus en cette année qui marque une étape importante, à savoir le 60e anniversaire de la Déclaration. Et pourtant ce jour a été marqué en Chine par l’arrestation de plusieurs défenseurs des droits de la personne qui organisaient des activités pour souligner l’anniversaire, rapportent le Centre américain du PEN International et Reporters sans frontières (RSF).
Les membres de l’IFEX et d’autres groupes de défense des droits commémorent l’occasion en se portant à la défense de ces militants en Chine, en plus des autres champions des droits de la personne, journalistes et autres qui s’élèvent fermement en faveur de leur droit à la libre expression – tel qu’il est enchâssé à l’Article 19 de la Déclaration – devant la répression grandissante. Voici un aperçu des événements et célébrations qui se déroulent dans le monde.
AFRIQUE
Une fiducie indépendante, le Projet de surveillance des médias du Zimbabwe (Media Monitoring Project Zimbabwe, MMPZ) fait remarquer avec déception que le paysage médiatique du Zimbabwe, fortement restreint, est demeuré inchangé depuis la Journée des Droits de l’Homme de l’an dernier. Les lois répressives sur les médias servent toujours à bâillonner les sources d’informations alternatives, le pays est toujours dépourvu de quotidiens privés, de stations radio communautaire ou de télévision indépendantes, et les journalistes sont toujours harcelés, détenus illégalement, torturés et assassinés, dit le MMPZ. Toutes ces violations sont perpétrées en dépit de l’entente de partage du pouvoir signée en septembre par les principaux les partis politiques du Zimbabwe, qui reconnaît la nécessité d’un environnement constitué de médias libres et diversifiés. Entre autres recommandations, le MMPZ presse le gouvernement qui émergera d’abroger les lois draconiennes. Lire ces recommandations ici : http://www.mmpz.org
AMÉRIQUES
« Ce que vous ne savez pas PEUT vous faire du tort », disent ARTICLE 19 et le Centre national des Communications sociales (CENCOS), qui viennent de lancer une campagne pour la protection des journalistes au Mexique. Oui, le Mexique – un pays que bien des gens voyaient comme un modèle de démocratie et de croissance économique – est désormais le pays des Amériques où il est le plus dangereux de pratiquer le journalisme. Pour en savoir plus sur la campagne, voir : http://ifex.org/fr/content/view/full/99324/
Le Comité mondial pour la liberté de la presse (WPFC) a obtenu que Floyd Abrams, un éminent juriste spécialiste du Premier amendement, prenne la parole à l’occasion de sa conférence annuelle tenue aux Nations Unies, à New York, à la veille de la Journée des droits de l’Homme. Abrams s’est attaqué à l’épineuse question de la diffamation religieuse, arguant que si elle adoptait les recommandations formulées récemment de criminaliser la diffamation de la religion, l’ONU saperait ses propres conditions concernant la liberté de parole énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le texte intégral de l’allocution d’Abrams sera rendu disponible sur le site web du WPFC, à http://www.wpfc.org
Ceux qui sont restés ont pu voir l’éminent universitaire Leonard R. Sussman de Freedom House être proclamé premier lauréat du prix Dana-Bullen de la Défense de la Liberté de la presse (Dana Bullen Press Freedom Advocacy Prize), ainsi nommé en l’honneur du premier directeur général du WPFC. Sussman, qui a été directeur général de Freedom House pendant 21 ans (1967-1988) et qui a écrit 10 livres sur la liberté de la presse, est l’homme à l’origine de l’étude annuelle très respectée de Freedom House sur la liberté de la presse. Aller à : http://ifex.org/en/content/view/full/99071/
Human Rights Watch était aussi présent à New York pour célébrer une réalisation personnelle le 10 décembre : le groupe figurait parmi les cinq lauréats du Prix 2008 des Nations Unies pour les Droits de la Personne pour sa « contribution exceptionnelle à la promotion et à la protection des droits de la personne ». Le directeur général de Human Rights Watch, Kenneth Roth, a déclaré que le prix allait aider Human Rights Watch dans ses campagnes pour faire cesser les tueries au Darfour, mettre fin à l’utilisation des bombes à fragmentation à travers le monde, faire fermer Guantánamo, libérer les enfants-soldats et protéger les civils lors des conflits armés. « En relevant le coût des violations, nous forçons les gouvernements à y penser à deux fois avant de violer les droits de leurs peuples. Dans ce processus, nous sauvons des vies et nous promouvons les libertés fondamentales », a dit Roth. Human Rights Watch célébre aussi son 30e anniversaire. Voyez ici certaines de ses réalisations : http://tinyurl.com/5u8nar
ASIE
Le 8 décembre, l’éminent dissident chinois Liu Xiabo et son collègue, le militant Zhang Zuhua, ont été arrêtés chez eux. Alors que Zhang était relâché le lendemain, Liu fait face à des accusations de subversion et risque jusqu’à trois ans de prison. Leur crime ? Ils figurent parmi les nombreux signataires de la Charte 08, une déclaration qui a circulé à la veille de la Journée des droits de l’Homme, qui propose d’énergiques réformes politiques et qui appelle à un plus grand respect des droits de la personne et de la démocratie en Chine. Le Centre américain du PEN International demande la libération de Liu : http://tinyurl.com/5v6p75. Lire la Charte 08 ici : http://tinyurl.com/66ga72
Par ailleurs, la police détient, interroge et harcèle beaucoup d’autres militants pour les empêcher de participer aux activités marquant le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. RSF documente les arrestations : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29625 , tout comme le Centre américain du PEN International : http://ifex.org/en/content/view/full/99205/
Le Syndicat national des journalistes des Philippines (National Union of Journalists of the Philippines, NUJP), affilié à la Fédération internationale des journalistes, a souligné l’anniversaire en organisant une cérémonie où on a allumé des bougies en mémoire des journalistes assassinés. Aux Philippines, 98 journalistes ont été tués depuis 1986, dont 62 depuis l’arrivée au pouvoir de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo en 2001, et sept journalistes rien que cette année, dit le NUJP. Aller à : http://www.nujp.org/
La diffamation était un sujet brûlant cette année en Indonésie, en raison de certaines lois récentes qui la fixent dans le code criminel – comme la nouvelle loi sur l’Internet qui rend la diffusion en ligne de matériel diffamatoire passible d’une peine pouvant aller jusqu’à six ans de prison et d’une amende qui peut atteindre 15 millions $ US. Pour contrer ces lois, une alliance de journalistes, de juristes et de groupes de défense de la liberté de la presse d’Indonésie profitent de la Journée des droits de l’Homme pour inviter le gouvernement à retirer la diffamation du code criminel, et les parties à recourir plutôt à la loi sur la diffamation civile. Plus de renseignements sur le site web de l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA) : http://www.seapabkk.org/newdesign/newsdetail.php?No=1005
Une loi de 1998 sur la liberté des médias en Mongolie interdit la censure et la propriété par l’État de quelque média que ce soit. Maintenant, on compte presque 400 médias à travers le pays. Mais Globe International, le membre de l’IFEX en Mongolie, recense chaque année environ 40 violations de la libre expression : un grand nombre de ces violations consistent en rejets par le gouvernement des demandes d’accès aux renseignements ou en pressions exercées sur les journalistes pour qu’ils divulguent leurs sources. Globe a organisé le 8 décembre une table ronde sur le thème « Article 19 et le journalisme indépendant » afin de s’attaquer à ces difficultés. Courriel : globe (@) globeinter.org.mn
EUROPE ET ASIE CENTRALE
Freedom House presse le président ouzbek, Islam Karimov, de libérer tous les défenseurs des droits de la personne en Ouzbékistan « pour montrer qu’il est déterminé à préserver la Déclaration ». Lire la lettre à : http://tinyurl.com/68mbam
Félicitations à Panayot Elias Dimitras, porte-parole du groupe Greek Helsinki Monitor (GHM), membre de l’IFEX. Il est le premier lauréat du Prix du Champion des droits de la personne, décerné par le Centre de Recherche sur la société civile, un organisme basé en Macédoine. La médaille d’or pur est décernée à une personne du sud-est de l’Europe qui reflète le sens de la Déclaration sur les Défenseurs des doits de la personne. Par l’entremise du GHM, Dimitras défend les droits de la personne des groupes marginalisés en Grèce et en Europe, en particulier des Rom, et contribue à leur protection. Courriel : csrconline (@) yahoo.com
MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD
Il n’y a pas grand chose à célébrer au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, indique un nouveau rapport de l’Institut du Caire pour les études sur les droits de la personne (Cairo Institute for Human Rights Studies, CIHRS). Intitulé « From Exporting Terrorism to Exporting Repression » (De l’exportation du terrorisme à l’exportation de la répression), le dossier documente la situation des droits de la personne dans 12 pays arabes et conclut que ces attaques contre les libertés, déjà limitées dans la région, se sont en fait accrues. Lire des extraits du rapport à : http://ifex.org/en/content/view/full/99187/
Et dans l’année où le concept de diffamation religieuse fait l’objet d’un vif débat aux Nations Unies, le CIHRS, ainsi que près de 100 intellectuels et organisations de défense des droits du monde arabe, lance un appel aux institutions et mouvements religieux de la région, à l’occasion de la Journée des droits de l’Homme, pour qu’ils mettent de côté « la perspective religieuse » lorsqu’ils considèrent la libre expression. « Nous sommes convaincus que le fait de détacher la religion de la liberté d’expression constitue l’une des conditions préalables essentielles à la résurgence de nos sociétés arabes, ce qui nous permettra (de) nous joindre à la marche de l’histoire au lieu de nous en exclure », disent les signataires. Lire la déclaration intégrale à : http://www.cihrs.org/English/NewsSystem/Articles/543
INTERNATIONAL
RSF a marqué le 60e anniversaire en publiant un dossier accablant sur l’efficacité du Conseil des Nations Unies sur les droits de l’homme. « Des États qui ont des gouvernements répressifs sont élus au Conseil et se voient donc confier la tâche d’assurer le respect dans d’autres pays de droits qu’ils bafouent eux-mêmes quotidiennement. Tant qu’il ne sera pas mis fin à cette situation absurde, les Nations Unies ne pourront pas prétendre réaliser leur objectif de protéger les droits de la personne », dit RSF. Le Conseil conteste à peine les pires délinquants, comme la Chine et la Birmanie, tandis que l’Iran et l’Ouzbékistan échappent aux sanctions, dit RSF. Par ailleurs, on continue d’ajouter le dangereux concept de diffamation de la religion aux résolutions du Conseil. Pour lire dans le rapport davantage de critiques du principal organisme des Nations Unies responsable de la défense des droits de la personne, ainsi que les recommandations de RSF sur la façon dont le Conseil peut se racheter, aller à : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29586
La Société interaméricaine de la presse (SIP) sait que la libre expression est un droit fondamental de la personne enchâssé dans le droit international – et veut s’assurer que le monde le sait. La SIP vient de lancer une campagne de sensibilisation du public sous le slogan « Un mot peut entraîner un millier de changements dans votre vie, et vous avez le droit de dire le prochain mot ». Pour avoir du matériel, aller à : http://www.sipiapa.com/banner/regi/index.php?idioma=us
L’Observatoire de la protection des défenseurs des droits de la personne, qui est un programme conjoint de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), demande aux gens de ne pas oublier que le mois de décembre marque également le 10e anniversaire de la Déclaration sur les Défenseurs des doits de la personne. Grâce à cette Déclaration, dit l’Observatoire, les organisations locales et internationales ne craignent pas d’entreprendre des actions protectrices, qui débouchent sur la remise en liberté des défenseurs ou la fin des menaces et du harcèlement exercés contre eux. Mais la situation des défenseurs des droits de la personne demeure extrêmement inquiétante dans nombre de pays, indique l’Observatoire – pensons à l’arrestation des militants ouzbeks et chinois qui préparaient des événements locaux pour célébrer la Journée des droits de l’Homme. Aller à : http://tinyurl.com/5neavs
Le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de la personne a lancé un avertissement similaire – ainsi que « 10 messages pour mieux connaître les défenseurs ». Saviez-vous, par exemple, qu’il n’y a pas de mécanisme régional pour la protection des défenseurs des droits de la personne en Asie ? Lire tous les messages ici : http://tinyurl.com/69lb9n
Si vous vous êtes rendus jusqu’ici, il est temps d’agir. Amnistie Internationale vous dit « Allumez ! » Joignez-vous aux milliers de personnes à travers le monde et allumez une chandelle, un feu ou une flamme à l’occasion d’une manifestation de masse d’appui aux droits de la personne. Il y a des événements « Allumez ! » confirmés dans 27 pays, où plus de 100 villes et villages vont participer à des événements. Des gens qui participeront à des événements « Allumez ! » allumeront aussi des chandelles en ligne sur leurs sites web et sur leurs blogues. Consultez le site web de votre section locale d’Amnistie Internationale dans votre pays pour plus de précisions. Pendant que nous y sommes, « Allumez ! » en adoptant le Passeport pour les Droits de la personne – le concept que chacun a des droits, sans égard à la race, à la couleur, aux croyances, à la religion, au sexe, à l’origine ethnique, à l’orientation sexuelle, au handicap ou à l’âge. Aller à : http://tinyurl.com/6xzytp
Enfin, vérifiez la campagne mondiale de l’ONU « Dignité et Justice pour tous », qui vise à faire cesser les violations des droits de la personne par les gouvernements, les entreprises et autres. « La déclaration demeure aussi pertinente aujourd’hui qu’elle l’était le jour de son adoption », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, lorsqu’il a annoncé la campagne en décembre dernier. « Mais les libertés fondamentales qui y sont enchâssées ne sont toujours pas une réalité. » Pour avoir la vision officielle des événements sur la Journée internationale des droits de l’Homme, aller à : http://www.un.org/french/events/humanrights/
(Photo : Une femme participe à la campagne « Allumez ! » d’Amnistie Internationale et allume une chandelle pour appuyer les droits de la personne. Photo courtoisie d’Amnistie)
(10 décembre 2008)