Une part importante de la violence systémique dirigée contre le journalisme et les journalistes ces temps-ci vise à « induire un climat de peur et d’autocensure », soutient le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) dans son rapport annuel. Il y a une génération, la menace contre les journalistes était facilement identifiable – la […]
Une part importante de la violence systémique dirigée contre le journalisme et les journalistes ces temps-ci vise à « induire un climat de peur et d’autocensure », soutient le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) dans son rapport annuel.
Il y a une génération, la menace contre les journalistes était facilement identifiable – la censure d’État, peut-on lire dans « Attacks on the Press 2008 » (Attaques contre la presse – 2008). Mais cette forme ancienne de suppression de l’information ne marche plus.
« Aujourd’hui, les plus grandes menaces à la liberté de la presse sont plus insidieuses qu’il y a une génération, parce qu’elles visent à instiller un climat de peur et d’autocensure », fait remarquer l’auteur de la préface du rapport, le journaliste d’enquête américain bien connu Carl Bernstein.
« L’idée de base, c’est l’intimidation? pour faire un exemple d’un reporter, d’une institution. On tue quelqu’un au Mexique, en Tchétchénie, en Russie.
« Si la presse peut être intimidée? cela fait trembler les reporters, les rédacteurs, les éditeurs, les sites Internet », dit Bernstein.
Les commentaires de Bernstein s’appuient sur une foule d’exemples venus de partout dans le monde, relatés dans ce document de 341 pages.
À travers toute l’Amérique latine, des bandes criminelles violentes suscitent une autocensure générale. Les gouvernements d’Asie du sud-est rivalisent avec le modèle chinois en matière de contrôle de l’Internet et châtient ceux qui contournent les restrictions.
Au Moyen-Orient, un pacte régional menace la télévision indépendante par satellite, tandis qu’en Russie et en Géorgie l’an dernier, les gouvernements contrôlaient la couverture télévisuelle du conflit en Ossétie du Sud afin de susciter l’enthousiasme en faveur d’une action militaire.
Le rapport constate en outre que les reporters en Afrique comptent sur les messages textes, bien que la même technologie soit également utilisée pour les menaces.
Le rapport expose en détail certains progrès, notamment le fait que le CPJ recense moins de journalistes tués l’an dernier que pendant toute autre année depuis 2001 (41 journalistes ont été tués l’an dernier, contre 63 en 2007). Selon le CPJ, cela est dû essentiellement au fait que moins de journalistes ont été tués en Irak, qui reste le pays où il est le plus dangereux d’être reporter.
L’étude a également constaté que 125 reporters étaient en prison l’an dernier dans le monde, et que davantage de journalistes en ligne sont jetés en prison que de journalistes de tout autre média.
D’après Bernstein, la technologie a changé l’équation, « de sorte que les gouvernements répressifs et les mouvements qui se sentent menacés par la libre circulation de l’information ont dû trouver des moyens nouveaux et plus draconiens, parce que les vieilles méthodologies ne marchent plus ».
Des sommaires par pays et des analyses tirées de « Attacks on the Press 2008 » sont disponibles à : http://cpj.org/fr/2009/02/aop08-analyse.php
(18 février 2009)