Il y a près de trois ans, la journaliste yéménite Samia al-Aghbari a publié un texte dans lequel elle critiquait la décision du président qui avait changé d’avis et avait choisi d’être de nouveau candidat. Elle ne se doutait pas du prix qu’elle allait devoir payer pour ce geste. Une semaine plus tard, un journal […]
Il y a près de trois ans, la journaliste yéménite Samia al-Aghbari a publié un texte dans lequel elle critiquait la décision du président qui avait changé d’avis et avait choisi d’être de nouveau candidat. Elle ne se doutait pas du prix qu’elle allait devoir payer pour ce geste. Une semaine plus tard, un journal pro-gouvernemental publiait un article alléguant qu’al-Aghbari entretenait des « relations immorales » avec des étrangers. Bien qu’elle ait porté l’affaire devant les tribunaux et obtenu gain de cause, le verdict, qui comportait la publication d’excuses dans le journal, n’a pas été appliqué. Qui pis est, la campagne de diffamation a miné la crédibilité et la réputation d’al-Aghbari – même au sein de sa famille.
Cette année, à l’occasion de la Journée internationale des Femmes, les membres de l’IFEX et d’autres groupes de défense des droits de partout dans le monde se dressent pour défendre les femmes journalistes du Yémen, ainsi que les autres écrivaines militantes qui prennent la parole pour défendre leurs droits devant la répression.
Il n’est pas facile d’être une femme et de travailler dans les médias au Yémen, indique un dossier d’ARTICLE 19 publié en collaboration avec le Forum des femmes dans les médias du Yémen pour souligner la Journée internationale des Femmes.
Les femmes journalistes critiques subissent régulièrement la diffamation publique dans des publications rivales, elles sont harcelées par l’État ou censurées. Dans un pays où sévit un code de l’« honneur » rigide, les insultes sont particulièrement graves pour les femmes qui se battent afin de réussir dans leur vie professionnelle.
Si même elles choisissent d’adopter cette voie, les femmes sont marginalisées dans les médias du Yémen, elles écrivent moins de 20 pour 100 des articles et sont citées dans 30 pour 100 des cas, dit ARTICLE 19.
ARTICLE 19 appelle les rédacteurs et les propriétaires de médias à protéger les femmes journalistes contre les attaques diffamatoires, « et à s’assurer que les reportages qui présentent des femmes, qui reflètent le vécu des femmes et qui décrivent les femmes comme membres à part entière de la société reçoivent plus de visibilité ».
ARTICLE 19 invite en outre le gouvernement yéménite à faire en sorte que la liberté d’expression soit protégée et rehaussée, et à mettre fin immédiatement à toutes les méthodes de censure des médias. Pour lire le rapport complet, aller à : http://tinyurl.com/b7mr4b
Dans le cadre de sa campagne « Prix de la Liberté d’écrire dans les Amériques », le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) a dressé le profil de quatre femmes qui continuent à écrire en dépit de grands dangers personnels dans une autre partie du monde : l’Amérique latine.
Il y a la dramaturge et militante colombienne Patricia Ariza et la poète étudiante péruvienne Melissa Patiño, accusées d’être des terroristes à cause de leur collaboration alléguée avec des groupes de gauche. Les auteures et journalistes mexicaines Lydia Cacho et Sanjuana Martínez Montemayor subissent des mesures de harcèlement, résultat direct de leurs dénonciations de l’exploitation sexuelle et de la pédophilie.
Le WiPC vous demande de protester contre le harcèlement et d’exiger qu’on leur permette de vire et de travailler librement. Vous trouverez davantage de renseignements sur ces écrivaines, avec des exemples de leur travail et des moyens de leur venir en aide, à http://tinyurl.com/bky5rz
Voir également la campagne Prix de la Liberté d’écrire dans les Amériques du WiPC à : http://tinyurl.com/aopdxk
Selon un nouveau rapport de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), les femmes sont présentées dans les médias, partout dans le monde, par des stéréotypes, comme « l’éblouissant chaton sexuel, la sainte mère, la sorcière sournoise, l’arriviste d’affaires et politique au visage implacable ». Comment donc s’attaquer à la discrimination sexuelle dans les médias?
La FIJ, conjointement avec l’UNESCO, a produit une brochure de 60 pages qui offre aux journalistes et aux syndicalistes des lignes directrices sur les façons de porter l’égalité entre les hommes et les femmes dans le courant principal de la profession journalistique.
Quelques trucs rapides : faites le relevé de votre milieu de travail pour voir si les femmes occupent des postes de direction. Partagez vos résultats – « plus il y a de publicité, plus il y a de chances de modifier les mentalités », dit le guide. Faites une vérification des salaires pour voir s’il y a un fossé salarial entre les hommes et les femmes. Demandez des horaires flexibles au travail, ce qui permet à une personne de choisir les heures de travail qui lui conviennent.
La brochure se penche en outre sur le statut actuel des professionnelles des médias, sur la façon dont les médias renforcent et abattent les stéréotypes existants, et elle offre des ressources et des contacts qui vont vous aider à faire le travail. Téléchargez la brochure, « Getting the Balance Right: Gender Equality in Journalism » (Le juste équilibre : L’Égalité des sexes dans le journalisme), ici : http://tinyurl.com/cohofm
Le rapport est un volet de la campagne de l’UNESCO, « Women Make the News » (Les Femmes font l’info 2009), qui vise à promouvoir l’égalité des sexes dans les médias et qui est entrée dans sa neuvième année à l’occasion de la Journée internationale des Femmes. L’UNESCO et la FIJ invitent aussi les journalistes et les organisations de médias à partager leur vécu et leurs meilleures pratiques en élaborant et en mettant en oeuvre des politiques qui garantissent l’égalité pour les femmes journalistes. Ces politiques peuvent porter sur l’égalité salariale et les possibilités de promotion, le travail dans les zones de conflit, les stéréotypes sexuels, etc. Dites ce que vous avez à dire sur leur forum en ligne, ouvert aux commentaires jusqu’au 15 avril, à : http://tinyurl.com/ca2c4a
Enfin, branchez-vous en ligne sur l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC) pour une programmation multilingue de 24 heures d’émissions destinées aux femmes, par des femmes du monde entier. Découvrez comment les femmes d’Afghanistan soutiennent l’économie afghane, ou comment la Journée internationale des Femmes est célébrée en Asie centrale. Qui plus est, vous pouvez rediffuser gratuitement une émission sur les ondes de votre station de radio communautaire. Allez à : http://march8.amarc.org/index.php?p=home&l=FR&l=FR
(Photo : Deux femmes journalistes du Yémen apprennent comment surveiller les médias en juillet 2008. Photo courtoisie d’ARTICLE 19)
(11 mars 2009)