(RSF/IFEX) – Suite à la décision du 14 mai 2007 du ministère irakien de l’Intérieur d’empêcher les journalistes d’accéder aux lieux des attentats, Reporters sans frontières s’interroge sur les conséquences de cette disposition sur la liberté de la presse. « Il est fondamental que les journalistes puissent témoigner de la situation sécuritaire dans l’ensemble du pays […]
(RSF/IFEX) – Suite à la décision du 14 mai 2007 du ministère irakien de l’Intérieur d’empêcher les journalistes d’accéder aux lieux des attentats, Reporters sans frontières s’interroge sur les conséquences de cette disposition sur la liberté de la presse.
« Il est fondamental que les journalistes puissent témoigner de la situation sécuritaire dans l’ensemble du pays sans que cela ne soit perçu comme une incitation à la violence. Lorsque les rues deviennent impraticables et que les autorités ne fournissent aucune information en temps réel sur les violences, le rôle du reporter devient primordial. La couverture des attentats permet à la population d’évaluer les risques sécuritaires et d’éviter les zones de danger. Nous redoutons que la multiplication des mesures restrictives à l’égard des journalistes n’aboutisse un black-out total sur l’information », a déclaré l’organisation.
Selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le général Abdel Karim Khalaf, plusieurs raisons viennent justifier la décision de limiter l’accès des journalistes aux zones d’attentats. « Nous ne voulons pas que les preuves matérielles soient altérées avant l’arrivée des enquêteurs et le ministère souhaite respecter les droits des victimes. (. . .) Nous ne voulons pas non plus donner aux terroristes des informations sur les résultats des attentats », a-t-il affirmé.
Ce n’est pas la première fois que les autorités irakiennes s’interposent dans le travail des médias. En décembre 2006, le Parlement avait décidé d’interdire aux journalistes de couvrir ses séances (consulter l’alerte de l’IFEX du 12 décembre 2006). Ce même Parlement a majoritairement voté, le 9 mai 2007, en faveur de poursuites judicaires contre la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazira. Cette décision est intervenue quelques jours après la diffusion d’une émission durant laquelle la légitimité politique de l’ayatollah Ali Sistani, leader chiite, avait été mise en question. Des manifestations de membres des communautés chiites fustigeant la chaîne se sont déroulées dans les villes de Basra et Najaf, dans le sud du pays. Al-Jazira n’est pas autorisée à travailler en Irak depuis août 2004, le gouvernement l’accusant d' »incitation à la violence » pour sa diffusion des vidéos de groupes armés. A la suite du vote, plusieurs députés ont suggéré de poursuivre la chaîne devant la Cour pénale internationale de La Haye, aux Pays-Bas.