Deux cadres supérieurs de Human Rights Watch ont été expulsés du Venezuela la semaine dernière, quelques heures à peine après avoir présenté un rapport décrivant la détérioration de la situation des droits de la personne sous le gouvernement du président Hugo Chávez. Jose Miguel Vivanco et Daniel Wilkinson, respectivement directeur et directeur adjoint pour les […]
Deux cadres supérieurs de Human Rights Watch ont été expulsés du Venezuela la semaine dernière, quelques heures à peine après avoir présenté un rapport décrivant la détérioration de la situation des droits de la personne sous le gouvernement du président Hugo Chávez.
Jose Miguel Vivanco et Daniel Wilkinson, respectivement directeur et directeur adjoint pour les Amériques, ont été interceptés le 18 septembre à leur hôtel de Caracas, après qu’ils eurent présenté leur rapport intitulé Une décennie sous Chávez : Intolérance politique et occasions perdues pour l’avancement des droits de la personne au Venezuela (« A Decade under Chávez: Political Intolerance and Lost Opportunities for Advancing Human Rights in Venezuela »).
Les deux hommes ont été accusés de mener des activités hostiles à l’État. On les a empêchés de communiquer avec qui que ce soit, même avec leur ambassade, leurs téléphones ont été bloqués et on les a expédiés par avion à Sao Paulo, où ils sont arrivés le lendemain.
Le rapport de 230 pages accuse le gouvernement de contrôler le système judiciaire, de discriminer l’opposition politique et de limiter la liberté d’expression, depuis l’ajout de restrictions à l’accès aux renseignements publics jusqu’à l’imposition de peines plus sévères pour mépris et diffamation.
« Afin de contenir l’opposition politique et de consolider son pouvoir, le gouvernement du président Hugo Chávez a affaibli les institutions démocratiques et les garanties des droits de la personne au Venezuela », peut-on lire dans le rapport.
« L’expulsion par Chávez de l’équipe de Human Rights Watch est une preuve de plus de la descente du Venezuela vers l’intolérance », dit Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Chávez peut avoir bouté le messager hors du pays, il n’a fait que renforcer le message – les libertés civiles sont menacées au Venezuela. »
Le Ministère des Affaires étrangères a fait savoir, par voie de communiqué, que Vivanco avait « violé la constitution et les lois » du Venezuela en entrant au pays avec un visa de touriste pour travailler dans le domaine des droits de la personne, et qu’il « était intervenu illégalement dans les affaires internes du pays ». Il a ajouté qu’il croyait que Human Rights Watch était de connivence avec le gouvernement des États-Unis dans une campagne d’agression contre le Venezuela.
De la même manière, le Mouvement pour le Journalisme nécessaire (Movimiento Periodismo Necesario, MPN), un groupe pro-gouvernemental qui compte plus de 500 journalistes et médias au Venezuela, « rejette catégoriquement le rapport ». Selon le MPN, Human Rights Watch n’a aucun droit d’intervenir, surtout qu’il s’est aligné sur des groupes privés, au Venezuela et à l’étranger, qui sont intéressés à débarrasser le pays de Chávez.
Human Rights Watch dit être une organisation non gouvernementale indépendante et n’accepte aucun financement gouvernemental, directement ou indirectement.
Dix-huit groupes de défense de la liberté de la presse de la région, dont l’Institut pour la presse et la société (IPYS), la Fondation pour la liberté de la presse (FLIP), le Forum du journalisme argentin (FOPEA) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), qui sont membres de l’IFEX, ont protesté vivement contre l’expulsion. Dans une déclaration conjointe, ces groupes affirment que « Sans égard pour le contenu du rapport, nous devons protester contre le très grave précédent que crée cette mesure contre la libre circulation de l’information et des opinions au Venezuela. »
Les groupes ajoutent que l’expulsion constitue une violation de la liberté d’expression protégée par Convention interaméricaine des droits de l’homme, dont le Venezuela est signataire, et par la constitution du Venezuela.
« L’opinion est extrêmement divisée quant à savoir si le président Hugo Chávez est un réformateur démocratique visionnaire ou un dictateur autoritaire », peut-on lire sur le portail « OneWorld UK », qui offre des nouvelles dans le domaine des droits de la personne, dans son guide sur le Venezuela. En dépit des critiques largement répandues du dossier de son gouvernement au chapitre des droits de la personne et de la liberté politique, Chávez a entrepris diverses initiatives conformes à son idée de l’égalité pour tous, initiatives qui reçoivent un vaste appui du public.
Pour lire « Une décennie sous Chávez », aller à :
http://hrw.org/reports/2008/venezuela0908/
Consulter également les sites suivants :
– Human Rights Watch, à propos de l’expulsion :
http://www.hrw.org/english/docs/2008/09/19/venezu19853.htm
– Déclaration conjointe des membres de l’IFEX contre l’expulsion (courriel) : venezuela (@) ipys.org
– La Société interaméricaine de la presse condamne l’expulsion : http://tinyurl.com/478xj3
– La chaîne de télévision VTV, dirigée par l’État, diffuse des images de l’expulsion de Vivanco : http://tinyurl.com/4gcltn
– Guide de OneWorld UK sur le Venezuela : http://tinyurl.com/4eglpp
– MPN : http://tinyurl.com/5ymnj3
– « The New York Times » : http://tinyurl.com/4g9rqn
(24 septembre 2008)